2003: Construire politiquement et pratiquement la « participation »

intervention finale aux Journées Iram, septembre 2003

(mettre fichier adobe)

Indépendamment des problèmes de définition du terme, le thème de la participation s’applique à des objets tellement différents (au sein d’une organisation, par rapport aux pouvoirs publics, en termes d’action ou de politiques publiques, etc.) qu’on peut se demander s’il est encore opératoire en tant que tel, ou s’il ne faut pas chercher à préciser dans les différents champs les enjeux tels qu’ils se posent, et à préciser les modalités de mise en œuvre.

Globalement, il me semble que ce que nous cherchons, à travers ce terme, c’est à construire et institutionnaliser des modes de relations (dialogue/confrontation/gestion/…) entre acteurs,  qui prennent en compte la diversité des acteurs (publics, privés, collectifs, à différents niveaux) partie prenante et en particulier la légitimité des acteurs locaux et des populations à – selon les cas – contribuer à /peser sur /contrôler les choses qui les concernent directement.

Ce qui nécessite le plus souvent un rééquilibrage des relations, par rapport aux rapports de force et de pouvoir existants, avec les risques d’instrumentalisation toujours présents : donner des ressources (intellectuelles, informationnelles, financières, etc.) aux acteurs en situation de domination ; contribuer à faire reconnaître leur légitimité et leurs capacités ; etc. C’est ce que nous faisons dans nos actions, mais cela ne peut avoir d’effets durables que s’il y a une certaine institutionnalisation des processus, seule façon de consolider des méthodes de travail, des modes de collaborations entre acteurs, des évolutions de pouvoir. En prenant « institution » pas seulement en termes « d’organisations » mais bien au sens de l’économie institutionnelle : des règles du jeu effectivement mises en œuvre par les acteurs, ce qui passe par un mélange de routines et d’habitudes, d’organisations au sens strict, mais aussi de droit, qu’il soit public ou contractuel.

Bien sûr, parce qu’ils s’affrontent à des enjeux de pouvoir, ces processus sont souvent incertains, ces nouveaux équilibres sont fragiles, tant qu’ils n’ont pas réussi à s’institutionnaliser suffisamment, aux différents sens ci-dessus.

Travailler à construire cela, cela nécessite une implication effective et assumée dans des rapports sociaux, fondée sur une éthique et un engagement. Cela nécessite aussi des savoir-faire : pour saisir les enjeux, inventer des solutions pratiques, négocier des stratégies gagnant-gagnant quand c’est possible ; etc. Rien de très original en soi, mais je crois qu’il y a besoin actuellement de (re)formuler des éléments de positionnement, de stratégie et de méthode, fondés sur des convictions et l’expérience, prenant en compte la complexité du réel. Il y a là un double enjeu : un enjeu de pertinence et de qualité des actions que nous menons, de construction de savoir-faire partagés au sein de nos organisations et entre elles. Un enjeu aussi d’influence sur les débats internationaux.

Par rapport au flou sur le concept de participation et à la somme de discours et de pratiques creuses que nous côtoyons si souvent, il me semble important d’être plus offensifs, pour faire entendre une voix autre, qui propose à la fois une façon de voir la question de « la participation » et des façons d’y contribuer un peu plus sérieuses. Une façon de voir qui parte du postulat de la diversité et de l’hétérogénéité des intérêts, et non d’un postulat de consensus mou ; de la reconnaissance d’une diversité des acteurs, mais d’acteurs qui n’ont ni la même légitimité, ni la même capacité à entrer dans ces relations de dialogue/négociation/confrontation, et non d’une pseudo-égalité d’acteurs qu’il suffit de mettre autour d’une table ou d’avoir réuni ½ journée après les avoir informés la veille. Un travail préalable de renforcement des organisations peut être – est souvent – indispensable. Un dialogue n’est pas toujours possible dans des situations de fortes asymétries sociales.

Il y a, en effet, des questions de conditions, de méthodes, de préalables. Il faut arriver à faire reconnaître les conditions minimales (en termes de temps, de préalables, de méthode, de montages institutionnels, etc.) pour que l’on puisse parler de « démarche participative »  avec un minimum de sérieux. Il faut capitaliser, publier en français et en anglais, faire du marketing aussi, pour tenter de faire reconnaître ces « standards » minimums.

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