2021 – Ecrire et publier dans des revues internationales de sciences sociales

Les jeunes chercheurs, en particulier en Afrique, ont souvent des difficultés à publier. L’écriture et la publication scientifique obéissent à des règles qui sont souvent mal connues des jeunes chercheurs, qui doivent trop souvent les découvrir par elles-mêmes.

Chaque revue a son positionnement (géographique, thématique, disciplinaire). On écrit pour une revue donnée. Il faut donc réfléchir et choisir la revue à laquelle on souhaite soumettre son article, s’inscrire dans les débats en cours dans cette revue (et pour cela avoir identifié et lu les articles qu’elle a publiés sur le thème de votre article). On écrit pour un public, ce qui va de soi, ce qu’il faut expliciter, dépend de la revue et de son public : on ne détaillera pas de la même façon le contexte dans une revue thématique ou une revue ciblée géographiquement.

Chaque revue a ses propres règles du jeu. Celles-ci sont explicitées sur le site. Ce sont des normes de longueur, de présentation, de format de la bibliographie. Il faut les respecter, dès la première soumission, au risque de se faire rejeter. En particulier, certaines revues, d’orientation sciences de la nature, réclament un plan de type IMRED (introduction, méthode, résultats, discussion). Ce plan est totalement inadapté à la majorité des revues de sciences sociales.

Dès la première soumission, l’article doit être solide, bien structuré, sans fautes. Le format d’un article est court, le propos doit être centré sur une problématique claire et bien explosée, qui traverse tout l’article. Il faut dès l’introduction montrer l’intérêt de votre questionnement et intéresser le lecteur. La première version soumise à la revue sera pour vous la version n°4, ou 5… ou 10 ! N’hésitez pas à demander conseil, à faire relire et critiquer vos drafts par des collègues ou des chercheurs plus expérimentés. Ils vous aideront à améliorer votre texte et vous permettront de soumettre une version bien aboutie.

Attention au plagiat ! internet et le coupé-collé ont facilité le plagiat, c’est-à-dire le fait de s’approprier de façon indue les écrits des autres, sans les citer. Si l’on a mal fait ses notes de lecture, on peut aussi plagier sans s’en rendre compte, parce qu’on a recopié une phrase sans noter qu’il s’agit d’une citation, et qu’on la reprend ensuite dans l’article. Il faut être très vigilant sur ce point. Plusieurs universités vous proposent des outils pour éviter le plagiat. Voir par ex celui de l’Université de Reims, avec un petit exercice très utile.

Les processus d’évaluation suivent en général le principe du double aveugle : s’il est retenu par le Comité de rédaction sur la base d’une première analyse (cohérence avec la revue, format), le texte est envoyé à 2, parfois 3, relecteurs, qui vont en faire une analyse, selon une grille prédéfinie. Ils peuvent recommander la publication telle qu’elle (très rare !), avec des modifications mineures, sous réserves de modifications majeures, ou conseiller de le rejeter. Le Comité de rédaction synthétise les avis et renvoie à l’auteur, avec des demandes de corrections. L’auteur doit renvoyer une seconde version qui, selon les cas, sera renvoyée aux évaluateurs pour vérifier que les améliorations demandées ont été faites, ou, s’il s’agit de corrections mineures, sera directement revue par le Comité de rédaction. Ces allers-et-retours ont pour but d’améliorer l’article, de renforcer son intérêt et sa qualité. Ils prennent souvent plusieurs mois.

Elaborée par l’APAD et la revue Afrique contemporaine suite à l’atelier de formation à l’écriture scientifique co-organisé en 2015, ce texte explique les règles des revues, et explicite les critères de qualité d’un article scientifique de sciences sociales. Il peut vous être très utile! Voir aussi les ressources sur le site COOP-IST du CIRAD (avec une vigilance sur la spécificité des sciences sociales, voir par ex. la question du plan IMRED).

Face aux exigences des revues, la tentation peut être grande de se tourner vers des revues qui n’ont de scientifique que le nom et la forme, mais publient sans aucune évaluation. Elles se sont multipliées avec Internet, et surtout le développement de la formule d’open access, où c’est l’auteur – et non plus le lecteur, via les bibliothèques universitaires, qui paie pour être publié. On appelle ces revues des « revues prédatrices » (junk journals) car elles vivent de l’argent versé par l’auteur ou son institution pour être publié, et ne font aucun travail scientifique, parfois aucune correction de forme. Elles trompent à la fois le chercheur et le lecteur, qui croient qu’il s’agit de revues sérieuses et que les articles publiés sont de bonne qualité. Les revues au nom ronflant, qui publient un article en 1 mois, qui viennent vous solliciter par mail pour vous demander des articles, doivent attirer votre vigilance ! Publier dans ces revues fera peut-être grossir votre liste de publis, mais vous discréditera dans le milieu scientifique, si vos papiers ne sont pas bons. Là encore, le Cirad vous propose des réflexions utiles et des outils pour repérer et éviter ces revues. Il y aussi des conférences prédatrices !

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